Toi qui as gravi les sommets, toi dont l’expérience de la beauté et de la mort t’avait rendu chaque jour plus fort, te voilà prostré, accablé, fait comme un rat. Tes mains tremblantes, tes bras et jambes si pâles, tendus comme une crampe. Tu tentes de ramper un peu plus loin mais ton corps ne t’appartient plus, te ne sens plus tes cuisses, et tes vêtements sont alourdis de sang frais. Tes beaux yeux bleus sont écarquillés, tes pupilles sont dilatées, tes mâchoires se serrent. Ton gosier a un arrière-goût métallique, ta langue est sèche et roussie. Ton intelligence inentamée écoute les diagnostics. Chaque mot, chaque ligne, tu l’écriras pour cet enfant au visage blême et au regard de lumière. Tu voudrais lui murmurer quelque chose, mais tu t’endors sans savoir quelles sont les nouvelles, l’avenir à dire et à redire.
For Antonio Lobo Antunes (translated from the French by Gian Lombardo)
You who scaled peaks, where you experienced beauty and death made you stronger every day. There you lay prostrate, overcome, like a rat. Your trembling hands, your arms and legs so pale, wrenched in some kind of spasm. You try to crawl a but further, but your body no longer belongs to you, you no longer feel your thighs, and your clothes hand heavy with fresh blood. Your handsome blue eyes open wide, your pupils dilate, your jaws clench. There's metallic aftertaste in your throat. Your tongue is parched and scorched. Your unscathed intelligence listens for diagnoses. Every word, every line you will write for that child's face ashen against the light. You would whisper something to him, but you fall asleep without knowing what's new, what future to speak and speak again.